Histoire & Patrimoine

En 1809, selon les statistiques relevées dans Le moulin et le meunier de Claude Rivals, le département de l’Aude recensait 846 moulins, dont 559 moulins à eau (59 roues verticales, 500 roues horizontales) et 287 moulins à vent, soit un moulin pour 280 habitants.

Histoire du moulin à eau de Villeneuve-la-Comptal de 1846 à 1960
Le moulin à eau de Villeneuve-la-Comptal est fondé en titre en 1846 par le roi Louis Philippe. C’est François Tubery, issu d’une famille de meuniers depuis le XVIIe siècle, qui obtient ce droit pour le moulin à eau. Le ruisseau s’appelle alors « la Pommière ». Au début de l’essor industriel à partir de 1850, chaque village a son moulin à vent ou à eau, parfois les deux. À Villeneuve-la-Comptal, il existe trois moulins à vent et un moulin à eau. Le département possède 650 moulins et 1900 meules (L’Aude d’Autrefois de Laurent Gil). La fin du XIXe est l’époque de la coexistence entre la meunerie traditionnelle et les usines de la meunerie moderne.
Le moulin est construit selon un principe très simple : une voûte en pierre calcaire, traversée par l’arbre vertical en bois qui recevait l’impulsion du rouet horizontal (disparu), supporte la meule dormante. Au-dessus est conservée la meule tournante horizontale, avec la potence et le mécanisme de levage. Un plancher en bois complète cet étage, tandis qu’une superstructure de poutres permet de renvoyer les efforts mécaniques du levage sur les murs périphériques en pierre. À l’extérieur, des contreforts reprennent les poussées de la voûte, tandis que l’ensemble est couvert par une simple charpente constituée de pannes, chevrons, voliges et tuiles canal, le tout constituant une toiture à deux pentes dont les rives présentent deux rangs de génoise.
Après la mort de François Tubéry, c’est Pierre Tubéry qui reprend le flambeau de meunier. Il a trois garçons, François, Léon et Georges. François et Léon habitent Villeneuve. De 1914 à 1918, Léon et François Tubéry, jeunes hommes de 20 et 23 ans, vont combattre sur le front. Ils sont blessés au combat. Ces poilus seront décorés et salués pour leurs actes de courage et de bravoure. Pierre Tubéry, leur père, continue de faire fonctionner le moulin jusque dans les années 1935, François et Léon Tubéry sont à ses côtés, ils apprennent le métier.


Au début des années 40, la pénurie alimentaire se développe, le rationnement du pain est mis en place. La farine est précieuse, tant pour les villageois que pour la nourriture des animaux. François et Léon Tubéry reprennent le métier de meunier en plus de leur activité d’agriculteur.

Cette activité s’apparente pendant la guerre à un acte de résistance villageoise : la farine de blé est moulue en cachette, pour faire du pain, la nuit. Certains animaux sont cachés et nourris avec des céréales dites grossières, peu prisées par rapport au blé réquisitionné. Le moulin redouble d’activité pendant la guerre, en l’absence d’énergie pour faire tourner les moulins modernes. Il permet aux villageois de continuer à avoir de la farine (avoine, orge, seigle… ) pour les animaux, et de la farine de maïs pour se nourrir au quotidien. Le moulin continue son activité après la guerre, essentiellement avec de la farine de maïs, pour faire le millas et la polenta (mouture plus grossière). Les habitants sont friands de ces mets.

Histoire du moulin à eau de Villeneuve-la-Comptal de 1960 à 2013
Le rouet est endommagé dans les années soixante. À cette époque, aucun artisan n’est en mesure de le réparer. François Tubéry continue d’entretenir la clairière jusqu’à sa mort, en 1975. De 1975 à 2013, le moulin est prêté à plusieurs familles du village qui cultivent la clairière ou élèvent des animaux.

7 Place Carnot, Villeneuve-la-Comptal, 11400

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Le Moulin de la Pomelle

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